ERYTHEME POLYMORPHE ET SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON
Sommaire
L'érythème polymorphe est une dermatose éruptive aiguë, parfois récidivante, réactionnelle à des causes diverses de mécanisme inconnu, caractérisée par des lésions cutanées maculopapuleuses, parfois bulleuses, avec ou sans atteintes muqueuse.
L'érythème polymorphe est rapporté dans le monde entier sans prédilection ethnique. Il survient à tout age, mais plus fréquemment chez l'adulte jeune entre 20 et 30 ans. Les deux sexes sont également atteints.
Il s'agit d'un syndrome cutanéomuqueux.
A/ Signes cutanés
Les lésions surviennent brutalement et siègent de façon élective sur les extrémités, (le dos des mains) peuvent gagner les faces palmaires et s'étendre sur les faces d'extension des membres (avant-bras, jambes, genoux). Le visage, le décolleté ainsi que le tronc, peuvent être touchés. Sur les membres, les lésions sont souvent symétriques.
Les lésions cliniques sont polymorphes, on peut avoir :
- des lésions papulo-vésiculeuses :
La lésion typique adopte la morphologie d'une lésion en cible ou en cocarde : papule oédémateuse comportant une zone périphérique rouge sombre, parfois microvésiculeuse, une zone moyenne moins foncée, et un centre rouge sombre, parfois purpurique ou décollé constituant une bulle.
Dans certains cas, l'éruption se réduit à des maculopapules érythémateuses bien limitées dont leur topographie symétrique sur les membres permet de faire le diagnostic
- des lésions bulleuses traduisant l'intensité de la réaction et l'exagération du processus de nécrose épidermique qui entraîne des décollement bulleux.
Les bulles siègent au centre d'une cocarde, ou bien sur une macule érythémateuse. L'aspect polymorphe de l'éruption peut être encore augmenté par une infiltration importante de la lésion, qui ressemble alors au nodule de l'érythème noueux.
Les lésions sont rarement prurigineuses, mais l'éruption est plutôt sensible est douloureuse avec sensation de cuisson à son niveau.
B/ Signes muqueux
Il s'agit de lésions vésiculobulleuses qui laissent place rapidement à des érosions douloureuses.
Les lèvres présentent des érosion profuses, se recouvrant sur leur versant cutané de croûtes épaisses hémorragique,
La langue, la face interne des joues et le palais sont le siège des érosions polycycliques qui se recouvrent d'un enduit jaunâtre fibrino-leucocytaire.
est fréquemment atteinte des mêmes lésions érosives,
- grave par ses complications
- Conjonctivite congestive bilatérale
- Hémorragie sous conjonctivale
- Ulcérations conjonctivopalpébrales voire cornéennes nécessitant un examen ophtalmologique spécialisé.
C/ Signes généraux
Les signes cutanéomuqueux et généraux peuvent s'associer de façon variable et réaliser des tableaux cliniques assez divers.
A/ Erythème polymorphe mineur
C'est une forme de gravité moyenne à prédominance cutanée, avec peu ou pas de signes généraux et une atteinte muqueuse modérée ou absente. Les signes cutanés sont des cocardes papuleuses et bulleuses typiques. L'atteinte est symétrique sur les membres touchant électivement les zones d'extension des coudes, genoux, poignets et mains. L'atteinte palmo-plantaire n'est pas rare.
B/ Erythème polymorphe majeur
C'est une forme grave :
C/ Syndrome de Stevens Johnson
Le syndrome de Stevens Johnson serait une forme mineure de nécrolyse épidermique toxique dont la surface décollée est de 10 % seulement.
D/ Ectodermose pluriorificielle
Il s'agit d'un mode de réaction de la peau et des muqueuses à des agents variés.
C'est le facteur étiologique le plus fréquent et le mieux étudié. Il entraîne souvent des tableaux d'érythème polymorphe mineur et volontiers récidivants ; une récurrence herpétique précède de 3 à 10 jours l'éclosion de la poussée d'érythème polymorphe. Cependant, toutes les récurrences herpétiques chez un même patient ne sont pas forcément suivies d'un érythème polymorphe et inversement l'érythème polymorphe peut survenir en l'absence de récurrence herpétique cliniquement visible.
L'érythème polymorphe complique 2 à 10 % des cas d'infection à mycoplasma pneumoniae chez l'enfant. Il s'agit de tableau d'érythème polymorphe majeur et de syndrome de Stevens Johnson, mais aussi de formes mineures voire récurrentes.
Le diagnostic d'infection à mycoplasma P repose sur l'existence d'une atteinte pulmonaire, sur la culture du germe à partir d'un prélèvement de l'oropharynx et sur la sérologie.
Les médicaments induisent souvent des érythèmes polymorphes atypiques avec des lésions maculopurpuriques et urticariennes et des syndrome de Stevens Johnson.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les sulfamides et les anticonvulsivants sont le plus souvent impliqués.
Est celui de la cause quand elle existe (mycoplasme par exemple). Les formes graves avec gène fonctionnelle intense peuvent bénéficier d'une corticothérapie générale à la dose de 0,5 mg/kg/j. Les formes post herpétiques récidivantes peuvent être traitées par Aciclovir : 600 à 800 mg/j x 6 mois.
Remarques et commentaires : Dr DENGUEZLI