LES ECZEMAS

Sommaire

I- DEFINITION
II- ETUDE CLINIQUE
III- LES FORMES CLINIQUES
IV- HISTOLOGIE
V- PHYSIOPATHOLOGIE DE L'ECZEMA DE CONTACT
VI- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE : ECZEMA DE CONTACT
VII- ECZEMA CONSTITUTIONNEL OU DERMATITE ATOPIQUE
VIII- TRAITEMENT DE L'ECZEMA
 

Atlas de dermatologie

 


I- DEFINITION

L'eczéma est une dermatose érythémato-vésiculeuse prurigineuse, en nappes ou en placards très récidivante et dont la lésion histologique prédominante est la spongiose du corps muqueux de Malpighi.

L'eczéma est la plus fréquente des dermatoses, 1/3 des malades d'une consultation externe de dermatologie sont atteints d'eczéma.

Ce groupe d'eczéma, comporte deux entités bien définies :

- l'eczéma de contact allergique

- l'eczéma constitutionnel encore appelé dermatite atopique

II- ETUDE CLINIQUE

Sur le plan séméiologique, les lésions élémentaires sont représentées par :

L'eczéma évolue par poussée. Le prurit est pratiquement constant, la poussée d'eczéma évolue en 4 phases :

1. La phase érythémateuse :

Un placard érythémateux, œdémateux, chaud, inflammatoire, parsemé de petites élevures, donnant un aspect chagriné de la peau. A ce stade initial, le prurit est toujours intense.

2. La phase vésiculeuse :

Quelques heures (6 à 1O heures), après la première phase, les vésicules caractéristiques de l'eczéma, apparaissent sur les lésions érythémateuses, elles sont transparentes et renferment une sérosité claire. Elles peuvent confluer pour réaliser des petites bulles. Elles ne se limitent pas à la plaque érythémateuse mais peuvent se voir à distance. Ces vésicules sont fragiles, elles se rompent spontanément ou à la suite du grattage et nous entrons dans la troisième phase.

3. La phase de suintement :

Les vésicules se rompent et laissent s'écouler un liquide séreux jaunâtre, le placard se couvre alors de petites croûtes jaunâtres, résultat de la coagulation de la sérosité (assèchement).

En quelques jours, les croûtes vont se dessécher et tomber, nous entrons alors dans la dernière phase.

4. La phase de réparation : phase de desquamation :

Lorsque les croûtes sont tombées, le tégument prend un aspect érythémateux, lisse. Rapidement la rougeur diminue, la surface de la peau se craquelle et se recouvre de squames fines.

Ces squames tombent et peu à peu la peau reprend son aspect normal. Dans certains cas d'eczéma chronique où le prurit est extrêmement important, la peau garde un aspect épaissie, lichénifié, infiltré.

Il faut retenir que :

- les bords des lésions d'eczéma sont généralement émiettés

- le prurit est constant

- un de ces 4 aspects peut prédominer voire être en apparence isolé.

III- LES FORMES CLINIQUES

A/ formes symptomatiques

1. L'eczéma aigu du visage :

Il est caractérisé par une rougeur intense œdémateuse avec suintement, simulant un érysipèle dépourvu de bourrelets périphériques, les lésions sont prurigineuses, sans adénopathies, sans phénomènes généraux.

2. L'eczéma papulo-vésiculeux :

Il se présente sous forme de petites élevures papuleuses, légèrement infiltrées, de teinte rose vif avec, au centre, une vésicule. Ces papulo-vésicules sont analogues à celles du prurigo simplex.

3. L'eczéma nummulaire : (en pièces de monnaies)

Il est très prurigineux, les vésicules sont groupées sous formes de petits médaillons bien limités.

4. L'eczéma bulleux :

Les vésicules sont grandes et prennent la forme de bulles, se voient surtout aux mains et aux pieds.

5. L'eczéma sec :

Il est constitué de taches rosées recouvertes de squames sèches : c'est une forme dans laquelle la vésiculation est atténuée.

6. L'eczéma kératosique : eczéma chronique

Il est caractérisé par un épaississement marqué de la couche cornée. Il réalise de véritables carapaces kératosiques blanc-grisâtres, épaisses et fissurés.

7. L'eczéma dysidrosique

Il se localise essentiellement au niveau des mains et des pieds, surtout au niveau des faces latérales des doigts, il est fait de vésicules profondes enchâssées dans l'épiderme du fait de l'épaisseur de la couche corné.

B/les formes compliquées:

1. Surinfection

La rupture de la barrière cutanée, par les vésicules, est une porte d'entrée infectieuse. l'eczéma peut se compliquer d'impétigo (croûtes jaunâtres mellicériques), d'érysipèle, de lymphangite, exceptionnellement de septicémie. Ce risque infectieux doit être toujours présent à l'esprit lorsqu'on traite un eczéma, d'autant qu'il sera majoré par la corticothérapie locale.

2. Passage à la chronicité

Si la cause n'est pas éliminée, l'eczéma peut devenir chronique : les suintements sont plus rares ; la peau prend un aspect épaissie, quadrillé (lichénfication).

3. Généralisation

L'eczéma débute à l'endroit du contact mais peut ensuite, pour des raisons mal connues s'étendre à distance. Au maximum, toute la peau est atteinte, réalisant une érythrodermie érythémato-vésiculeuse.

IV- HISTOLOGIE

Utile au diagnostic dans les formes atypiques.

1. Au niveau de l'épiderme :

On observe une spongiose : distension œdémateuse des espaces intercellulaires réalisant de petites vésicules. Il existe également une exocytose lymphocytaire.

2. Au niveau du derme :

On observe un œdème, dilatation capillaire, infiltrat inflammatoire. Au stade chronique, on observe une parakératose et un épaississement de l'épiderme.

V- PHYSIOPATHOLOGIE DE L'ECZEMA DE CONTACT

Les eczémas de contact sont des réactions allergiques d'hypersensibilité immunologique cellulaire classées dans le type IV de la classification de Gell et Coombs .

Les antigènes sont des haptènes (molécules de faibles poids moléculaires). Ils traversent la couche cornée et entrent en contact, à la partie moyenne de l'épiderme, avec les cellules de Langerhans qui sont des cellules dendritiques épidermiques d'origine mésenchymateuse à fonction immunologique.

Les cellules de Langerhans transmettent l'information antigénique aux lymphocytes T. A partir de ce moment, les lymphocytes T spécifiquement sensibilisés à l'antigène circulent dans tout l'organisme. Si le même antigène est à nouveau appliqué sur la peau, les lymphocytes sensibilisés sécréteraient des lymphokines qui entraîneront la réaction inflammatoire dermo-épidermique de l'eczéma.

Cette hypersensibilité immunologique de contact une fois acquise, est en général définitive.

VI- DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE : ECZEMA DE CONTACT

principe de l'enquête étiologique

1. L'interrogatoire :

Il a une importance fondamentale et il faut y consacrer le temps nécessaire. Les 2 questions préalables sont :

- Où l'eczéma a-t-il débuté? Cette localisation aidera à s'orienter vers des allergènes précis. Exemples :

- Quant l'eczéma a-t-il débuté et comment évolue-t-il? les poussées sont rythmées de façon nette par les contacts. Exemple : dans les eczémas professionnels, l'eczéma s'améliore pendant les vacances ou arrêt de travail et récidive des la ré exposition à l'allergène.

Lorsque l'étiologie n'est pas évidente, l'interrogatoire doit passer en revue tout l'environnement cutané du patient : profession, loisirs (bricolage,....), vêtement, médicaments locaux, produits de toilette, cosmétiques......

2. Les test cutanés ou patch test :

Ces tests reproduisent les mêmes lésions que celles de l'eczéma.

- Technique : sur la peau du dos en dehors d'une poussée d'eczéma et à distance d'une corticothérapie locale, on applique la substance à tester qu'on recouvre d'un support non allergisant (pastilles de cellulose), la lecture se fait
48 heures plus tard, les résultats sont interprétés comme suit :

. érythème simple : +

. érythème et œdème : ++

. vésiculation : +++

. bulles : ++++

Une biopsie permet de confirmer le diagnostic.

Ceci est à différencier des effets orthoergiques observés avec des substances à effet détergent :

Effet savon : (peau luisante, fripée)

Effet shampooing (érythème et œdème sans vésicules, débordant la surface testée).

Les principaux allergènes de contact :

VII- ECZEMA CONSTITUTIONNEL OU DERMATITE ATOPIQUE

L'atopie désigne un état particulier caractérisé par une prédisposition génétique à la synthèse accrue d'IgE et aux maladies allergiques : rhinite allergique, conjonctivite, asthme, urticaire, eczéma.

A/ CLINIQUE

Dermatite atopique du nourrisson :

La maladie débute vers le 2è-3è mois de la vie. Il s'agit d'un eczéma toujours prurigineux, érythémato-suintant et croûteux.

Le visage est souvent le premier atteint : front et joues (la bouche, nez, menton sont respectés). L'éruption peut s'étendre aux oreilles, au cuir chevelu. Des lésions sur les membres peuvent se voir.

Chez l'enfant plus grand ( à partir de 3-4ans), la D.A a un aspect et une topographie différents : plaques lichénifiées, prurigineuses, rarement suintantes, prédominant au niveau des plis des coudes, creux poplités, poignets, posant le diagnostic différentiel avec un intertrigo trichophytique.

La dermatite atopique (D.A) évolue par poussées avec des phases d'eczéma suintant alternant avec des rémissions plus ou moins complètes. Les poussées s'atténuent progressivement avec l'âge. A partir de la puberté, l'eczéma peut guérir définitivement dans 90 %, dans les 1O % restant, des poussées persistent jusqu'à l'age adulte. Enfin, un tiers des DA, présenteront ultérieurement un asthme.

Bien que la D.A soit de diagnostic facile, il existe des critères qui orientent vers l'atopie. Trois critères majeurs :

. prurit

. chronicité

. topographie

Un critère est présent dans 70 % : antécédents familiaux d'atopie.

Autres critères mineurs :

. sécheresse de la peau

. kératose pilaire

. plis sous palpébral supplémentaire : signe de Dennie Morgan

B/ COMPLICATIONS

1. Surinfections :

2. Extension des lésions vers l'érythrodermie : posant le diagnostic différentiel avec l'érythrodermie de Leiner Moussous non prurigineuse.

C/ EXAMENS COMPLEMENTAIRES

Hyperéosinophilie sanguine, élévation des IgE sériques.

D/ PATHOGENIE

Elle est complexe. Il s'agit d'un déficit immunitaire discret.

. Déficit lymphocytaire T partiel

. Augmentation de la synthèse IgE (par défaut de régulation)

. Un déficit néonatal transitoire en IgA digestives

. Déficit de la fonction des PNN

VIII- TRAITEMENT DE L'ECZEMA

Traitement de l'eczéma allergique :

- Traitement étiologique : c'est l'éviction de l'allergène, parfois

facile : allergie de rencontre, maladie professionnelle.

- Traitement symptomatique :

. bains antiseptiques, colorants....

. corticothérapie locale (Diprosone*, Topsyne*, dermosone*....).

. l'antibiothérapie générale est indiqué en cas de surinfection

Traitement de l'eczéma Atopique :

-bains émollients : savons surgras, huile de bains...

-antiseptiques moussants : cyteal*, asepsil*....ou non moussants: hexomedine, septeal, amuchina.....et aussi les colorants (éosine, fluorescéine).

-les dermocorticoïdes : on utilise en général une forme crème, (CF cours thérapeutique). Pour les plaques lichénifiées les pommades au goudron (carbodome*) sont indiquées.

-les antihistaminiques et les antibiotiques sont également utiles.

-la corticothérapie générale n'a pas de place dans le traitement.

Expliquer aux parents la DA, expliquer les principes du traitement....

A priori, il ne faut conseiller aucun régime et les cures thermales sont bénéfiques.

Retour liste des cours

haut de la page

Retour page d'accueil

Remarques et commentaires : Dr DENGUEZLI